Fabie Reading :
Mes rencontres livresques
Merci à @Fabienne Rêve pour cette chronique que vous pouvez retrouver sur :
5 questions à Alain Pyre, auteur du roman « Le mont Blanc se souviendra des hirondelles »
Face à mon enthousiasme ressenti après la lecture de ce roman, je voulais en savoir plus sur la genèse et le travail de l’auteur. Je remercie Alain Pyre, que je suis sur Facebook, d’avoir répondu à mes questions. Je partage cet échange avec vous...
1 — Comment est née cette histoire ?
Alain Pyre : J’avais envie d’écrire sur le Mont-Blanc : mon premier roman se déroulait déjà dans ce massif, mais versant Val d’Aoste, puis les suivants en Italie, en Guadeloupe, aux États-Unis, et les deux derniers dans les Hautes-Alpes. Je souhaitais aussi raconter une vengeance. L’idée est venue naturellement de profiter des nombreux pièges du terrain de la haute montagne pour offrir de belles occasions de passer à l’acte à mon héroïne anéantie...
2 — Les grands espaces, ici le Massif du Mont-Blanc, prennent autant de place que vos personnages. Quand vous commencez l’écriture, vous savez déjà dans quel lieu planter le décor ?
Alain Pyre : Oui, et même de manière extrêmement précise. Tous les lieux sont réels. Le décor, pour moi, a la même importance que l’histoire : chacun se nourrit de l’autre. Je savais exactement où les personnages allaient. Je connaissais les lieux depuis de nombreuses années. Durant l’écriture, en 2020, je suis allé repérer les lieux. Et comme je n’avais pas assez de temps pour les visiter tous, j’y suis retourné en 2021 !
3 — Nathalie, votre héroïne, se focalise sur sa vengeance, reste « encordée » à sa tristesse et sa jalousie : pensez-vous que les montagnes, cette randonnée qui demande des efforts sur soi-même, peut apaiser les blessures ?
Alain Pyre : Je suis convaincu que oui, du moins dans de nombreuses situations classiques de la vie. L’effort physique, un engagement important, la sensation de savoir que l’on peut à tout moment mourir en cas d’erreur ou de distraction participent à l’alchimie de la montagne. Mais le cas de Nathalie est particulier : elle a dépassé largement le stade où la seule confrontation à la grandeur et à la beauté de la montagne peut agir positivement...
4 — Vos descriptions des paysages, de ce massif, sont si réelles que vous nous projetez totalement dans votre livre. Qu’aimez-vous dans ces grands espaces ?
Alain Pyre : La beauté, la pureté, la vérité, le silence, la confrontation avec soi-même, la mise à nu, l’absence de faux-semblants, l’authenticité, la douceur, la rigueur, l’exigence, la remise en question, le froid, le chaud, la soif, la peur, le mystère, la surprise, le défi, la satisfaction, l’inconfort, le bien-être après l’effort, la proximité avec les éléments, la nuit à la belle étoile, l’absence d’objets inutiles, le temps de prendre le temps, la nécessité de décider et de garder un cap, les rencontres insolites (de personnes, d’animaux), le relativisme, bref un l’essentiel ayant déserté la vie quotidienne...
5 — Avez-vous un auteur favori, qui vous a donné envie d’écrire ?
Alain Pyre : J’en ai deux : Saint-Exupéry, pour le fond ; Camus, pour la forme et les descriptions.
Alain Pyre Le mont Blanc se souviendra des hirondelles
4ème de couverture : "Depuis la disparition de son fils unique en 2012, Nathalie est anéantie. Mathieu a trouvé la mort dans un accident de montagne dont la seule responsable est toute désignée : Léa Lambert, la jeune femme qu'il fréquentait depuis peu. Si Nathalie désapprouvait déjà cette relation, elle nourrit depuis huit ans une rancoeur tenace envers celle qui non seulement est à l'origine du drame, mais en plus s'en est sortie sans une égratignure. Aussi, quand Nathalie découvre sur les réseaux sociaux que Léa Lambert étalant de façon indécente sa joie de vivre, projette une randonnée sur la mer de Glace, elle décide que le moment est venu d'agir pour venger son fils."
Mon avis :
Lorsque j’ai reçu le catalogue des publications de janvier et février, des éditions De Borée, le titre de ce roman, « Le mont Blanc se souviendra des hirondelles », m’a interpellé par sa poésie.
Dès les premières pages, je pars avec Nathalie, Léa et les autres participants pour cette randonnée vers ces magnifiques contrées blanches et hostiles. À l’instar de Christophe, je surveille Nathalie bouillonnante de colère, animée par une vengeance trop longtemps enfouie en elle.
Alain Pyre décrit parfaitement l’âme perdue de cette mère qui pleure son fils, tué en montagne alors qu’il se trouvait avec Léa, sa petite amie.
Se venger permet-il de guérir ? Faut-il un responsable quand un proche meurt ?
L’histoire nous guide vers ces sublimes paysages de montagnes qui nous laissent sans voix face à la contemplation des grands espaces. Quelle émotion de lire toutes ces descriptions !
La blancheur des lieux se pose contre Nathalie qui broie du noir, nous pourrions penser que l’apaisement étoufferait la vengeance...
Si seulement elle pouvait s’abandonner un tant soit peu à la superficialité des choses et de l’existence, elle entreverrait une trouée dans l’opacité de sa nuit (Page 214)
Un roman captivant du début à la fin, avec des personnages attachants par leur différence de caractère. La vie imprévisible, coule comme un long fleuve tranquille, se heurte à des difficultés ou bascule dans la tragédie. Les témoins, ceux qui restent, se retrouvent brisés, pensant ne jamais se relever.
Alain Pyre sait parfaitement inscrire ses histoires dans des décors époustouflants, de telle façon que le tout devient inoubliable.